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Grégoire et Martinez, l'avenir s'écrit à deux

Photo du rédacteur: Ewenn THIERY LE GALEwenn THIERY LE GAL


Tout d'eux formé dans la Conti Groupama FDJ, Lenny Martinez et Romain Grégoire incarne le futur du cyclisme français. Âgé de 19 et 20 ans, le duo s'est confié sur leur première saison en World Tour et leurs attentes



À leur âge, les deux tout jeune adulte devrait encore être en salle de classe à écouter des cours, visiblement en avance, sur leur temps, voilà qu'ils sont déjà dans le domaine professionnel. L'un (Grégoire) a remporté trois Vélo d'Or d'affilés (un record partagé avec Arnaud Démare son coéquipier), touché du bout des doigts le titre de champion du Monde junior (2e) et remporté Liège-Bastogne-Liège espoirs.

L'autre (Martinez) a été son dauphin au Vélo d'Or les deux dernières années, s'est classé 3e à une longueur de son ami sur les mondiaux (junior) en 2021 et terminé 3e du Baby Giro. Tout d'eux ont un point commun, celles d'incarner l'avenir et d'évolué dans la structure de la Groupama FDJ, mais aussi, le commencement d'une longue carrière avec, on l'espère des bouquets à foison. Les deux jeunots se sont dévoilé sur leur début de saison chez les professionnels et leur adaptation dans la famille française de Marc Madiot.

EN AVANCE SUR LEUR TEMPS

Parce qu'avant d'en arriver à l'échelle du plus au niveau, il a fallu faire ses preuves dans les classes inférieures, celles des jeunes et le duo n'a pas manqué l'occasion de briller dès leur plus jeune âge. Ils n'ont pas caché que "jamais, ils n'y ont pensé" atteindre le plus au niveau "jusqu'à l'an passé. Car avant ce n'était que les juniors. Il faut donc confirmer" analysait Lenny Martinez. Pour la petite anecdote, le coureur de 19 ans (Martinez) avait battu tous les records de la Conti sur un test de 20 minutes malgré qu'il soit en junior et s'est dit "surpris ce jour-là, c'est quand même pas mal" se réjouissait le natif de Cannes.

Les deux coureurs ont notamment bénéficié de famille ancrée dans le vélo, mais ont décidé de choisir la voie du cyclo cross (Martinez) pour l'un, et la voie du VTT (Grégoire) pour l'autre. Malgré des résultats prometteurs, c'est la route qui va les sublimer pour en faire les coureurs qu'ils sont devenus aujourd'hui. Il faut aussi dire que la pandémie de Covid 19 les a ralentis dans leur progression. Romain Grégoire dans l'équipe des jeunes de l'AG2R La Mondiale (en stage) a dû attendre le mois d'octobre pour courir sa première compétition internationale La Philippe Gilbert Juniors dont il terminera à la 2e place derrière le "taureau" Arnaud De Lie qui enchaine les victoires chez les pros, à voir ce que ça va donner pour nos deux Français.

UNE NOUVELLE ÉQUIPE A APRIVOISER

Les deux destins pas si opposés que ça vont se croiser en 2022, au moment où les deux prodiges ont quitté leur club respectif (CC Varennes-Vauzelles pour Martinez, AC Bisontine pour Grégoire). « Ça pouvait surprendre l'an dernier d'être à côté des coureurs comme Gaudu, Démare ou Madouas, mais on a eu un an pour s'habituer. Ça devient plus des "copains-collègues" que des modèles » soulignait Grégoire, bien taquiner avec notamment David Gaudu (26 ans), a peut près dans la même génération. Ils ont pu apprendre à connaitre l'équipe lors de stages en altitude pour parfaire leurs qualités.

Il faut aussi souligner que la Groupama FDJ a fait passer sept coureurs de la Conti chez les pros et nos deux grimpeurs ne seront pas bien perturbé avec notamment l'arrivée dans les rangs de Enzo Paleni ou Paul Penhoet, le reste sont des étrangers. L'an passé pour les deux coureurs, il a fallu jouer les catégories espoir tout en gérant les débuts dans le peloton pro même s'il n'avait pas encore la dénomination d'être cycliste professionnel.



DANS LA COUR DES GRANDS


Grégoire a évoqué sa première course aux côtés de grands noms : « Avant la course, c'était la partie cool, être dans le bus, le public et tout. Mais sur la ligne de départ, quand je me suis retrouvé à côté de Vingegaard, je me suis dit : "Est-ce que j'ai vraiment ma place ici » soulignait-il, lui qui avait à la fin de la course (Faun-Ardèche-Classic) finit dans la roue du Danois (Faun-Ardèche-Classic) à la 34e place, quand Lenny se classait 37e au Trofeo Laigeglia.

« Ça nous a mis en confiance pour le reste de la saison de voir qu'on n'était pas à la rue sur un niveau Pro Series » a expliqué Romain Grégoire, le champion de France junior 2021 sur route et en contre-la-montre, tout en empochant en fin de saison la tunique de champion d'Europe. Lui qui a dit être « déjà fier d'être à ce niveau » et « d'évoluer avec son temps », mais ne le prend surtout pas « comme finalité », ce n'est en réalité qu'un passage obligé pour gravir les échelons et, d'un jour, remporter les plus belles courses du calendrier.


« ON PEUT AVOIR DES OBJECTIFS VRAIMENT GRANDS »


Lenny Martinez est aussi dans la même vision de celui qui coche des étapes et ne cesse de s'améliorer d'années en années. « On n'est pas pressé. Il y a encore tellement d'années devant nous. On peut avoir des objectifs vraiment grands » soulignait le double vainqueur d'étape de la Ronde de l'Isard l'an passé, course d'étape référence chez les espoirs (U23). Le duo s'est aussi rappelé leur première rencontre : « c'était dans les championnats régionaux de cyclo-cross à Dijon. C'est la première fois que j'ai entendu ton nom » notais Romain Grégoire, qui se rappelait un peu plus de leur rencontre que Lenny Martinez. « Je ne m'en souviens plus ».

Quand même bien taquiné par son compagnon ; « Ton casque, il n'était pas beau ! Il était orange et noir, je crois, avant que Martinez ne reprenne la parole. J'étais derrière toi sur la ligne, je pense. (Grégoire) Je crois que j'avais dû faire 1 ou 2. Enfin non, j'avais dû faire 2, car c'est Pierre (Gautherat, qui vient de rejoidre l'AG2R Citroën) qui gagnait comme d'habitude » précisait-il. C'était plus un trio qu'un duel, avec Pierre, Lenny et moi.



« ON ÉTAIT TELLEMENT FORT »

Cette prise de parole souligne bien la mouvance de cette génération, qui saute les étapes et gagne plus vite que leur hombre. Même si Lenny ce sous estime un peu inférieure aux deux lascars (Gautherat et Grégoire) : « Vous étiez au-dessus. Au début, je me demandais comment vous faisiez pour être aussi fort. Sur mes courses, je gagnais avec 3 tours d'avances, et chaque fois que je les affrontais, je me prenais une claque ». En revanche, tous les trois ont su franchir cette marche qui les séparait du monde professionnel.

Le trio a notamment couru sous les mêmes couleurs de la grande équipe junior de Bourgogne-Franche-Comté et tout raflé, que ce soit la Coupe de France, la course en ligne et le chrono des Championnats de France : « On était tellement fort, que c'était du vélo plaisir. On s'amusait quoi ! On choisissait presque qui allait gagner. Grégoire a cependant analysé qu'ils n'auront « plus jamais du vélo facile » et « qu'il faudrait être chez UAE et faire le Tour de Slovénie avec Pogacar et Majka, qui ont joué à pierre-feuille-ciseau (Majka avait gagné et Pogacar l'avait donc laissé franchir la ligne le premier).



GRÉGOIRE ET SON GOÛT DES CLASSIQUES


Les deux colocs n'ont pas caché leur admiration pour Remco Evenepoel, lui aussi de la génération des 2000 : « J'ai vraiment vu son évolution et je trouve ça impressionnant. Ce sont des phénomènes hors normes, et en n'aucun cas, j'essaye de me comparer à ce genre de coureur. Martinez a lui souligné le fait « qu'il n'y a qu'un Remco, qu'un Pogacar et qu'en regardant les Mondiaux ou la Vuelta, c'est un truc de fous ».

Romain Grégoire est lui plus taillé comme un Julian Alaphilippe, un bon coureur en montagne, sachant aussi briller sur les courses d'un jour comme sa victoire sur Liège chez les jeunes. « Je pense que se serait que c'est les courses d'un jour que je suis et serai le meilleur. Lui qui a notamment souligné le problème que détenait le double champion du Monde. Je n'est pas envie de délaisser mon explosivité pour faire les classements généraux à fond ».



DÉJA 8E DES STRADE BIANCHE

Peut-être qu'il a raison finalement. Comment ne pas saluer son "énorme" 8e place sur les Strade Bianche, finalement à la hauteur de son niveau qu'on constate course après course. Le natif de Besançon avait su accrocher la roue du groupe des favoris à 25 kilomètres avant de céder lorsque son coéquipier Valentin Madouas et divers coureurs son parti à la pédale. Romain Grégoire a notamment terminé 11e du Baby Giro quand son ami se classait 3e, et 13 e du Tour de l'Avenir.

Tellement inatteignable, le duo a peut-être ce sentiment défaitiste à l'idée de taquiner les Pogacar, Van Aert, Van der Poel Evenepoel, mais semble tout à fait normal, au vu de leur niveau stratosphérique dont seul la quintessence des cyclistes arrive à attendre les sommets de la gloire. Il s'est d'ailleurs dit « vouloir gagner un maximum de courses », que ce soit « les Grands Tours comme le Tour de France ou des courses comme Liège, Lombardie que j'ai pu découvrir en Espoir ».

Pour sa course de reprise, Romain Grégoire n'a pas eu peur de la clique d'excellent coureur (Gaudu, Lafay, Bardet, Latour, Costa, Higuita) qui était présent sur la ligne de départ de la Faun Ardèche Classic et a notamment conclu la journée à la 5e place, loin derrière le duo gagnant Alaphiliipe-Gaudu. Ses objectifs de fin de carrière : « Briller sur le Tour, les Monuments, et puis le maillot arc-en-ciel ». Rien ne semble atteindre le Français, visiblement déjà prêt pour lever les bras sur des courses professionnelles, et ce, dès cette saison.



DAVID GAUDU SON MENTOR

Lenny Martinez a lui des qualités dites de "pur grimpeur" : « Je peux encore beaucoup progresser en montagne et il faut que je me focalise dessus, comme sur le chrono, si je veux faire un truc sur un Tour, une Vuelta ou un Giro ». On peut spécialement l'assimiler à un David Gaudu qui a su passer un cap sur les chronos malgré un point faible et joue désormais le haut de tableau, comme en atteste sa 2e place devant Jonas Vingegaard sur Paris-Nice, mais derrière Tadej Pogacar.

Pour Lenny, le début de saison a été moins éclatant, mais dans les temps avec lui aussi un lancement sur la Faun Ardèche Classic (17e), avant d'abandonner le lendemain à la Faun Drome Classic. À 19 ans, réalisé des top 20 quand on débute chez les pros et qu'on ne roule pas sur son terrain de prédilection, cela reste honorable tout de même. À la question de quelle qualité emprunter à l'autre, Grégoire a volontiers répondu « ses 50 kg », alors que Martinez voudrait lui « sa mentalité de gagneur et sa confiance »

Quand l'un (Lenny) grimpe mieux que l'autre (Romain), l'autre descend mieux que l'un : « Il n'y a qu'à se souvenir de ce qu'il a fait sur le Tour de l'Avenir ! (Romain avait attaqué au sommet de la Madelaine et pris 1'30" dans la descente). L'auteur des faits a notamment précisé que « quand je débranche, je débranche », à la manière d'un Nibali non ? On ne sait pas si leur avenir professionnel sera aussi fleurissant que leurs ainés, mais ce qui est sûr, c'est que ces deux là ont la capacité et la hargne pour réaliser leurs rêves et qui sait, exaucé leurs vœux ?


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