Jumbo Visma connait ses classiques

WEEKEND BELGE - Visiblement, pas besoin de réviser les courses d'un jour chez les bons écoliers jaune et noir. Vainqueur de l'Omloop Het Nieuwsblad et de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, les Néerlandais son d'attaque pour la rentrée des classiques

À vrai dire, on ne pourra jamais catégoriser ou mettre dans une case la Jumbo Visma. Son attrait pour les courses à étapes à l'image de la victoire au général de Jonas Vingegaard au Gran Camino a cependant été secondé par son envie de s'imposer dans les courses d'un jour avec le carton plein sur le weekend belge sans même l'aide de Wout Van Aert. Tout juste arrivé dans sa nouvelle équipe, Dylan Van Baarle brille déjà (Omloop Het Nieuwsblad), là où le lendemain, Tiesj Benoot levait les bras, lui aussi pour sa première fois chez les frelons (2e saison).

LA JUMBO AU FOUR ET AU MOULIN

Ne cherchez pas, les ressemblances sont toutes trouvées entre les deux courses belge, conclue par un doublé de l'équipe néerlandaise. Dylan Van Baarle vainqueur de l'Omloop Het Nieuwsbladd et Tiesj Benoot, vainqueur le lendemain sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne ont bien fait rappeler que Van Aert n'est pas une fin en soi et qu'en l'absence de son grand champion, l'équipe néerlandaise pouvait compter sur une panoplie de coureurs au top niveau sur les classiques.

Quel meilleur moment pour asseoir sa suprématie dans les courses d'un jour qu'à celui de l'ouverture des classiques. Jumbo Visma a éclipsé les équipes concurrents dans les deux cas. Pierre Roland soulignait même que l'équipe jaune et noir avait pris la place de "l'équipe nationale de Belgique": la Quick Step, dans le fond du gouffre avec deux petits top 10 ce weekend. Bien aiguisé, Jumbo Visma a su contrôlé de bout en bout les deux courses, mais il faut bien dire que la recette de l'Omloop Het Nieuwsblad le samedi a conduit à la même tactique, celle du rouleau compresseur, aux alentours d'une 100 aines de bornes avant l'arrivée.

UNE ARMADA TAILLÉE POUR CA

Mick Van Dijke, Nathan Van Hooydonck, Jan Tratnik et Edoardo Affini n'ont pas compté leur coup de pédale dans les deux courses pour ainsi écrémer le peloton et mis dans le rouge, bon nombrer d'adversaire : "Nous avons constamment eu le contrôle. Le plan était de durcir la course très tôt. Ce que les gars ont fait, c'est simplement énorme", disait Van Baarle. Les échapper n'ont eu aucune chance et à l'approche des monts pavés décisifs, les corps était déjà bien entamé. Sur Kuurne, Tiesj Benoot a dû se dévouer pour un Dylan Van Baarle au-dessus du lot. Bien présent dans l'effectif du weekend, le Français Cristophe Laporte a su jouer sa carte d'une autre manière qu'on aurait pu penser.

Après le passage du Molenberg (0.5 km à 6.6%), la science tactique de la nouvelle recrue néerlandaise à portée ses fruits juste après le gros morceau de la journée, c'est-à-dire à 38 kilomètres : "J'ai attaqué à l'instinct à un moment où tout le monde était dans le dur". Le hollandais volant a égratigné ses adversaires qui ont eu le malheur de sauté dans sa roue, Mathis Le Berre dans l'échappée a été le dernier des trois autres coureurs (Milan et Vermeersch) à pouvoir suivre la puissance phénoménale (17 km) du coureur qui a roulé en tête sans une prise de relais de ses anciens collègues.

LE HOLANDAIS VOLANT A DÉPLOYÉ SES VOILES

Tellement costaud, l'énergie ne lui a pas manqué dans l'enchainement du Muur de Gramont (1.2 km à 7%) et du Bosberg (0.8 km à 6.5%), dernières ascensions des 12 monts à gravir. La dernière ascension a engendré une sélection à l'arrière pour ainsi former un quatuor à la poursuite de l'homme de tête. C'était plutôt un trio (A.De Lie, T.Wellens, M.Mohoric) à la chasse de Dylan Van Baarle puisque Christophe Laporte était présent pour casser les relais et faire perdre ses adversaires, à une 15 aines de secondes.

On ne serait pas comment Van Baarle aura gagné, mais ce qui est sûr, c'était qu'il était le meilleur, capable de conserver cette 15 aines de seconde et de levé les bras à Ninove après 207 kilomètres. Laporte s'est permis de monter sur la boite (3e), juste derrière l'homme tombé, mais revenus, Arnaud De Lie au sprint.

La victoire du lendemain fut autre chose qu'un raide de 40 kilomètres, mais méritait d'être tenté. Les nuages belges avaient décidé de laisser la place au soleil à Kuurne au contraire de la Jumbo Visma qui n'avait décidément pas l'intention de faire de la place à ses adversaires. Tel une recette de cuisine, il a fallu pétrir et battre les coureurs aux alentours des 100 kilomètres, histoire qu'ils ramollissent avant de les manger.

UNE DEUXIÈME RATION

Très gourmande, l'équipe néerlandaise comptait déjà passer à table à 80 kilomètres en s'extirpant à cinq coureurs (Tim Wellens, Taco Van der Hoorn, Matej Mohoric) dont deux de l'armada jaune et noir (Nathan Van Hooydonck et Tiesj Benoot). C'est simple, en 20 kilomètres, l'écart entre le quintet de tête et le peloton - très loin physiquement - atteignait les 1'30". Bien organisé sous la houlette de la Jumbo Visma, tous ont obéi aux ordres avant de se faire zigouiller.

Pas à la fête, une nouvelle fois, Tom Pidcock, Yves Lampaert, Fabio Jakobsen et Jasper Philipsen ont subi ce weekend belge de la pire des manières, c'est-à-dire à l'arrière. À un tour de l'arrivée, tout s'est désorganisé, sauf dans la tête de la Jumbo Visma, qui comptait bien trouver un moyen de s'extirpé avant le sprint. Ils ont trouvé le moyen d'une attaque de Tiesj Benoot à un kilomètre quand son coéquipier avait la tête du groupe, un écart rédhibitoire, même les miettes (2e place) ont été prises par Van Hooydonck, devant Mohoric.

Pour leur première victoire sous les couleurs Jumbo, le duo Van Baarle-Benoot a su matraquer la concurrence et envoyé un signal fort à l'approche des prochaines classiques (Strade Bianche, Gand Wevelgem, À Travers la Flandre...) mais aussi des prochains Monuments (Milan San Remo, Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège, Paris-Roubaix) qui reste tout de même au-dessus du weekend belge.