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Pogacar le rayon de soleil

Photo du rédacteur: Ewenn THIERY LE GALEwenn THIERY LE GAL


PARIS-NICE - Au terme d'une démonstration implacable (3 victoires), Tadej Pogacar n'a pas hésité à se parer de jaune sur la "course au soleil" et le gardé jusqu'à Nice. Vingegaard a perdu ce premier acte mais conte bien reprendre la main sur le Tour



Étape 1 (sprint, 170 KM) : LA BELGIQUE EN MISSION INFILTRATION


Le terrain ne s'y prêtait presque pas, mais bon, il y a ce "presque" qui a incité le duo du vélo Pogacar-Vingegaard à se montrer. Impatient à l'idée de se jauger en vue du Tour de France, les sprinteurs ont bien cru passer leur tour après un effort de sape pour reprendre un duo d'échappé (P.Ourselin et G.J.Wilsly). À vrai dire, ça aurait été dommage sur une étape qui les convenait pourtant.

Pourtant, les sprinteurs étaient fixés et savaient dès leur inscription à la course qu'un duo voir un duel aura lieu en terre française en ce début de saison et ne sont pas sans savoir qu'avec Pogacar, tout est permis et que la politesse n'existe pas, tant il aime rendre une course difficile sans un terrain qui s'y prête. Cependant, Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) a joué le bon élève en suivant une accélération de Nielson Powless (EF Education Easy Post) à 20 bornes dans la côte de Milon-la-Chappelle, scindant un peloton bien maigris.

L'Américain n'a pas hésité à faire sauter une deuxième fois le verrou 4 kilomètres plus loin, voyant que le groupe d'une 20 aines de coureurs ne s'entendait pas. Ne pensons pas que Tadej Pogacar est un élève sage qui attend la parole dans le fond de la classe, il a fait vriller le peloton aux bonifications à 7 bornes, seuls les coureurs culotté qui ont voulu se batailler avec le Slovène auront le droit de le suivre, c'est-à-dire Jonas Vingegaard et Pierre Latour, tant pis pour les autres.

Efficace, le collectif de Soudal Quick-Step a pu compter sur les tricolores Rémi Cavagna et Florian Sénéchal pour stopper net la course au trio en les rappelant à l'ordre qu'aujourd'hui, c'est pour les sprinteurs, et qu'ils devront attendre leur tour comme tout le monde. Le champion de Belgique Tim Merlier passera en jaune, en grande forme depuis le début de saison (quatre victoires désormais), a ajouté un nouveau succès de prestige à sa besace, devançant Sam Bennett et Mads Pedersen. Pogacar n'aura pas appâté la galerie pour rien puisqu'il engrange 6 secondes de bonification sur Vingegaard, un duel qui promet !

Étape 2 (sprint, 164 km) : PEDERSEN LE PLUS FRANCAIS DES DANOIS


Ah, qu'il aime courir en France. Mads Pedersen loupe rarement le coche en terre française et la tradition ne s'est pas arrêté pour cette 2e étape. Après son succès en début de saison sur l’Etoile de Bessèges, celui qui avait gagné à Saint-Etienne sur le Tour l’an dernier ou encore sa victoire sur la course au Soleil l'an passé a parfaitement sut prendre sa chance.

Amené comme un prince par un équipier dans le dernier kilomètre, il a su conclure le travail devant Olav Kooij (Jumbo-Visma) et Magnus Cort Nielsen (EF Education-EasyPost). Il en profite pour s’emparer du maillot jaune de leader. En regardant plus attentivement le classement, on constate encore que Tadej Pogacar a grappillé du temps.

Effectivement, son coup d'hier ne lui a pas suffi, le Slovène est reparti jouer les bonifications à 13 kilomètres et reprendre à nouveau 6" sur Jonas Vingegaard. Absent cette fois pour les bonifications, Pierre Latour victime d'une chute loin de l'arrivée (39 km) a pu réintégrer le peloton au prix d'un bel effort en compagnie de quelques coéquipiers, ce qui pourrait le handicapé dans les prochaines étapes.




Étape 3 (chrono par équipe, 32.2 km) : JUMBO ET LES CHRONOS, C'EST BEAU !

Véritable patron de la discipline, l'équipe Jumbo Visma s'affirme toujours comme la patronne du chrono malgré des règles changeantes. Les nouvelles normes visant à compter le chrono de l'équipe sur le premier coureur, mais en discréditant le temps perdu des coéquipiers, ont marqué de sérieux points.

On a assisté à un véritable feu d'artifice, voyant des équipes au rôle de piste de lancement pour un leader, avant qu'il ne finisse en mode fusée pour soit limité l'écart, où en reprendre, tout dépend dans quelle équipe ils se trouvent. Lorsqu'on s'appelle Jonas Vingegaard et qu'on est dans le rang des frelons néerlandais, tout est sous contrôle.

Économisé des forces pour son leader, telle était la tactique de chaque équipe, Vingegaard n'a pas fait exception et été propulsé dans la rampe finale par un lièvre de luxe en la personne de Tobias Foss, véritable maitre en chrono. L’effort du Danois a été suffisant pour conserver la victoire d’un cheveu devant un Magnus Cort Nielsen survolté (EF Education – EasyPost, + 1’’). Le compatriote de Vingegaard ne s'est pas privé de la tunique jaune en lot de consolation et pourrait déjà tout perdre le lendemain, avec des cols au programme.


Tadej Pogacar était lui chez UAE Team Emirates, pas des as en la matière, l'équipe Émiratie a pu compter sur un leader au top niveau, terminant la course à une vitesse éclaire et ainsi limitté l'écart à 23 secondes, rétrogradant au 10e rang. La Groupama FDJ de David Gaudu a elle fait sensation en terminant 4e du chrono par équipe (+0'14"), le Français a pu profiter de la roue d'un spécialiste au nom de Stephan Kung (double champion d'Europe de la discipline individuel). La Soudal Quick-Step, elle, n'est plus aussi flamboyant qu'auparavant (7e, + 39’’), tout comme la INEOS Grenadiers (10e, + 48’’).




Étape 4 (montagne, ) : POGACAR, SA FIERTÉ RETROUVÉE


On se serait cru en juillet, avec la température et le soleil en moins sur les routes de l'Allier. La première étape entre les cadors s'est joué, et qu'est-ce qu'on a hâte de retrouver la Grande Boucle, au vu du mano à mano entre les deux tauliers qui sont Pogacar et Vingegaard. Guerre d'égo, guerre de victoire, guerre d'équipe, cette rivalité promet de s'installer dans le temps et même si 'baby Pogi' a tapé du poing sur la table et éjecté son adversaire à 44 secondes, le match ne fait que commencer.

Pressé de se tester au vu de ses multiples accélérations depuis le départ de Paris-Nice, Pogacar est fixé sur sa forme et celle de son rival, 'Pogi' revoit aussi la vie en jaune. La vengeance est un plat qui se mange froid. Huit mois après sa défaillance sur les pentes très brulantes du Granon, Pogacar a renversé la tendance et n'avait pas tardé à dire à son équipe qu'il avait les jambes d'un vainqueur. Sous l'impulsion des UAE Team Emirates donc, les 7 hommes d'échapper - dont le maillot à poids Jonas Gregaard (Uno-X) - n'auront pas vu le jour.

Rattrapé sous l'impulsion de Pogacar, le Slovène a une nouvelle fois bondi au sprint intermédiaire, à 15 km de l’arrivée, pour aller chercher 2’’ de bonifications. A 4 bornes du sommet inédit de la Loge des Gardes (6.8 km à 7%), c'est pourtant Vingegaard qui a allumé la première mèche. On s’attendait de nouveau à voir deux hommes seuls au monde, mais Pogacar était bien décidé à faire payer la non collaboration de la première étape et tout s'est regroupé, enfin pas pour très longtemps.

Si beau, si fort, les deux coureurs n'ont fait que se regarder, permettant l'attaque d'un David Gaudu tellement tactique ou l'écart a vite atteint les 20 secondes. Vous connaissez la chanson, quand Tadej veut quelque chose, il prend tout ce qu'il y a à prendre et n'a pas hésité à dégainer (2.2 km) pour rejoindre le Français.

Si massif, Vingegaard à payer très cher les 500 mètres en se mettant dans le rouge sans parvenir à revenir dans la roue de son meilleur ennemi, il y terminera à 44 secondes (6e) sur 1.9 kilomètre. Malgré la prise de relais de Gaudu, 'Pogi' n'a pas fait de cadeau au Français pour faire coup double, mais réussi à occuper la 2e place à 10" devant Vingegaard.


Étape 5 (sprint, 212 km) : KOOIJ PARFAITEMENT LANCÉ PAR PEDERSEN

Tellement sûr de sa force, Mads Pedersen (Trek Segafredo) avait décidément oublié qu'il emmenait un gamin dans sa roue, paré pour s'imposer sur une course de renom. Olav Kooij ne cesse de confirmer son énorme potentiel et a 22 ans seulement, il se profile déjà comme l'avenir de sprint. Pedersen avait de quoi se penser le plus fort puisqu'il l'était et a su un temps faire jeu égal avec le jeune Néerlandais, il terminera finalement 2e devant Tim Merlier.

Au lendemain de sa "défaite" à la Loge-des-Gardes ou Vingegaard tirait la langue quand Pogacar levait les bras, Jumbo Visma a su tout de suite corriger le tir avec son sprinteur. La journée a aussi été animé par un fantôme en échapper, personne n'a décidé de prendre la relève malgré Sandy Dujardin (TotalEnergies), résigné à l'idée d'être seul au monde en tête de la course au soleil.

Le maillot à poids Jonas Gregaard (Uno-X) a lui décidé de conter ses forces en restant au chaud dans le peloton, tout en empochant les points de quatre grimpeurs, un quota grassement payé de 16 points, l'élevant désormais seul dans le classement à 30 points, devant Pogacar (12 pts). Parlons-en du slovène qui a pour une fois perdu le sprint des bonifications à cause d'un duo improbable.

En froid depuis la déclaration de David Gaudu sur le fait qu'il ne voulait pas voir Arnaud Démare sur le Tour, c'est bien le sprinteur de la Groupama FDJ qui a fait le premier pas des réconciliations en lançant son leader et même en enfermant Pogacar, ce qui a permis au Breton de s'approcher au général du maillot jaune à 6". Gaudu n'a pas hésité à remercier son coéquipier, tous deux soudé pour réaliser le meilleur classement général possible.

Étape 6 : UNE ANNULATION ROCAMBOLESQUE

Le maillot jaune Tadej Pogacar disait la veille que cette 6e étape allait être imprévisible, il n'en pensait sans doute pas au scénario réel. Une tempête de vent s'est abattu sur Paris-Nice et a un temps contraint les organisateurs a écourté la course au kilomètre 117, avant de comprendre que cette 6e journée ne couronnerait personne. Placé en vigilance orange vent fort, les rafales ont été en moyenne vers 100 km/h, pour plus d'information, allé voir le post dédié.


Étape 7 (montagne, 143 km) : SEUL AU MONDE

Après un "jour de repos", Tadej Pogacar est reparti du bon pied ! Tout au long de la journée, trois équipes (UAE Team Emirates, Groupama FDJ, Jumbo Visma) ont participé à la chasse des 19 hommes de tête, ne vous étonnez pas si leur leader ont matraqué la course. Le col de Couillole (15.7 km à7.1%) nous a offert un très beau spectacle entre les favoris à la victoire finale.

On dit souvent que la meilleure attaque, c'est la défense, on ne sait pas si Pogacar a voulu attaquer ses adversaires pour assommer la course ou se protéger d'éventuelle attaque, mais ce qui est sûr, c'est que le Cannibale slovène a usée de son épée à six bornes du sommet.

Dans un niveau admirable, David Gaudu n'a pas hésité à contester la couronne face à un Pogacar bien trop costaud, sous le regard au fond de la classe d'un Jonas Vingegaard bien palot, bien secoué par les coups de butoir du Breton. Parti à deux, le duo franco-slovène a continué sa route sur les pentes de la Couillole. Voir David Gaudu rivalisé avec le vainqueur du Tour de France 2021 était improbable en début de course, le rêve s'est pourtant exaucé pour le coureur de la Groupama FDJ.

Alors oui, il est tombé sur un ogre, beaucoup plus explosif, lui enlevant la victoire, mais il a démontré qu'il pouvait jouer dans la cour des grands et consolide sa 2e place au général à 12 secondes du leader au général, devant Jonas Vingegaard, revenu in extremis à 500 mètres. Tout n'est pas perdu pour Gaudu puisque sont adversaires est à porter de main. A noté que le maillot vert Mads Pedersen à jetée l'éponge en abandonnant à mi-course.



(ÉTAPE 8 DANS UN POST DÉDIÉ)



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